par Pierre-Alain Ravussin, Baulmes
Le Gobemouche noir niche dans la région de Grandson VD, sur la rive nord du lac de Neuchâtel, depuis 1967. Il a connu une phase d’expansion régionale importante jusqu’en 1980 et s’est implanté dans des zones équipées de nichoirs, entre Grandson et Concise VD ainsi que dans la région de Baulmes VD, au pied du Jura vaudois. Depuis, l’expansion s’est arrêtée et les populations suivies, grâce à des contrôles réguliers des nids et le baguage des jeunes et des adultes nicheurs, montrent une tendance plus ou moins nette à la diminution. Au départ, ces populations ont bénéficié d’un taux d’immigration important, mais par la suite, c’est essentiellement leur productivité qui a permis d’en assurer le maintien. L’analyse des paramètres de la nidification montre que le succès de la reproduction n’est pas en cause dans cette diminution, mais que la survie des jeunes oiseaux qui s’envolent n’est pas suffisante pour assurer le maintien de la population de Baulmes, alors qu’elle est meilleure sur la rive nord du lac de Neuchâtel. C’est aussi et surtout dans les conditions rencontrées en migration et en hivernage que se joue l’évolution de ces populations.
La date moyenne de ponte, plus ou moins constante jusqu’au milieu des années 1990, est devenue plus précoce d’environ une dizaine de jours au début du XXIe siècle, mais depuis elle fluctue de manière plus ou moins aléatoire. Une date de ponte précoce est de première importance chez cette espèce qui ne produit qu’une seule ponte annuelle, mais la grandeur de ponte (nombre d’œufs pondus) diminue rapidement au cours de la saison. Pour nourrir ses jeunes, le Gobemouche noir récolte essentiellement des chenilles dont le pic d’abondance est en relation directe avec le débourrement des feuilles des arbres. Or, comme le montrent les suivis phénologiques de la végétation, ce débourrement est très sensible au réchauffement climatique et intervient actuellement deux à trois semaines plus tôt qu’en 1950. Pour profiter au mieux de cette manne très temporaire, le Gobemouche noir devrait avancer sa date de ponte d’autant, ce qu’il ne parvient manifestement pas à faire. Il hiverne dans le Sahel et, contrairement aux migrateurs à courte distance, il ne semble pas en mesure d’anticiper sa date de départ afin de s’adapter aux conditions qui règnent dans certaines parties de son aire de nidification. Le Gobemouche noir arrive donc dans nos contrées « en retard pour le repas » et ce retard se paie cash en termes de productivité de jeunes, ce qui rend aléatoire sa survie dans nos régions.
Un aspect original de cette espèce est sa propension à la polygynie. Certains mâles tentent de s’apparier avec plusieurs femelles. Le taux de polygynie varie d’une année à l’autre et selon les régions. Les femelles qui « se partagent » un mâle subissent des conséquences très variées en fonction de l’assiduité du mâle à participer au ravitaillement de la nichée. Certaines d’entre elles pâtissent d’un faible apport du mâle et voient leur succès de reproduction très affecté. Ce sont essentiellement de jeunes femelles qui élèvent leur première nichée, alors que les mâles qui parviennent à élever plusieurs nichées simultanément sont plutôt les mâles expérimentés.
Les conférences ont lieu à 20 h 15 à Marly, au Restaurant de la Gérine, route de la Gruyère 18 (au bord de la route principale Marly – Le Mouret, à côté du pont de la Gérine). Accès en bus TPF depuis Fribourg : Ligne no 1 Marly-Gérine, descendre au terminus ; c’est en face !
Toutes nos conférences sont gratuites, y compris pour les personnes qui ne sont pas membres du Cercle ornithologique de Fribourg.